Prologue 1. Trévise vers 1830. Sous l’œil intéressé de Vénus et Cupidon, un libraire négocie avec un client la vente de l’Hypnerotomachia Poliphili, un incunable du XVe siècle. Spécialiste de l’ouvrage, le client fait sur les circonstances de l’édition et sur l’auteur, Francesco Colonna, des révélations qui suscitent les commentaires ironiques de Vénus et de Cupidon.
Prologue 2. La salle de repos d’un hôpital, au milieu de la nuit. Une infirmière (Vénus) est occupée à imprimer la version numérisée de l’Hypnerotomachia Poliphili. Des feuillets s’entassent à côté d’elle provoquant la curiosité d’une aide-soignante et d’un infirmier stagiaire (Cupidon) qui joue aux fléchettes. Celui-ci remarque une gravure représentant une jeune fille qui tire par les pieds un corps inanimé et tous s’interrogent sur sa signification. Qui est la victime ? L’a-t-elle tué ? Etait-il son amant ? S’aiment-ils malgré tout ? Impossible, déclare l’aide-soignante, si l’homme est mort. Comme pour inviter ses interlocutrices à aller au-delà des apparences, le stagiaire raconte un film où Gary Cooper parvient en rêve à rejoindre la femme aimée dont il est séparé. Plus tard, le stagiaire revient dans la salle de repos obscure pour récupérer une de ses flèches et remet involontairement en marche l’imprimante. Des feuilles volent alors en tous sens : il les rassemble et les fourre maladroitement dans un dossier à couverture rouge.
UN– Le même hôpital. La chambre de Francesco, gravement blessé et en proie à une grande agitation. Le stagiaire somnole à son chevet. Sur l’écran d’un téléviseur défilent des images tirées de l’Hypnérotomachia Poliphili. Apparaît ensuite Polia (elle évoque sa cruauté passée à l’égard de Francesco) puis Francesco, qui se plaint de la dureté de sa maîtresse. Mais la « transmission » se fait mal, avec des coupures et des craquements. Le stagiaire se réveille tandis que l’infirmière entre, un dossier taché de sang à la main. Tous deux l’ouvrent et en lisent des passages. Ils se rapprochent ensuite du lit de Francesco et lui parlent avec douceur. Le blessé semble alors s’apaiser .
DEUX– Trévise 1490. Francesco s’entretient dans son atelier avec le graveur Battista, chargé par l’éditeur d’illustrer l’Hypnerotomachia Poliphili. Il lui recommande la plus grande précision dans ses dessins d’architecture afin de respecter les justes proportions des bâtiments antiques. Battista demande si l’auteur a vraiment vu ce qu’il décrit, si la belle Polia dont il parle vit à Trévise. Mais Francesco répond que Trévise est totalement étrangère à son livre : l’idéal qui l’a guidé lui suffit même si comme le croit Battista, il « n’est pas de chair ».
TROIS – Même lieu, la nuit. Polia entre dans l’atelier de Battista, vêtue comme sur les gravures du livre de Francesco. Elle avance entre les pages suspendues. Habillée de la robe blanche brodée de noir de la Minerve de Botticelli, Vénus, qui la suit, rappelle qu’autrefois on l’appelait Lucrezia. Polia ne l’entend ni ne la voit, tout entière absorbée dans la réminiscence des moments passés avec Poliphile, depuis leur rencontre jusqu’à leur union sous les auspices de Vénus. Un moment, croyant entendre les cris de sa nourrice, elle se demande si on la cherche à Trévise, chez elle ou dans le couvent où elle été surprise dans les bras de Poliphile. A la fin de la scène, Vénus invite Francesco à ne pas abandonner Polia maintenant qu’elle est de retour à Trévise.
QUATRE – Errant dans Trévise, Polia croise Francesco en qui elle croit reconnaître Poliphile. Il l’ignore mais, resté seul, s’interroge sur cette femme. Que lui veut-elle, est-ce un piège ? Elle ressemble à Polia mais ne peut être que celle qui autrefois l’a traité si cruellement: Lucrezia. Mieux vaut se rendormir pour retrouver sa bien-aimée. Mais Polia a tout entendu et elle interprète ce rejet comme une épreuve. En tant que Lucrezia, elle a laissé mourir son jeune amant et ce crime contre Vénus et Cupidon lui a valu d’atroces supplices, auxquels elle n’a survécu qu’en se convertissant à l’amour. A présent qu’elle est de retour à Trévise, il lui faut refaire tout le chemin qui a transformé Lucrezia en Polia.
CINQ – (le petit théâtre des épreuves de Lucrezia)
1er tableau : Francesco se présente à Lucrezia qui le repousse en présence de sa nourrice. Celle-ci évoque la vengeance probable des dieux et raconte des histoires très crues pour la mettre en garde.
2e tableau : La chapelle du couvent. Lucrezia chasse Francesco qui tombe mort. Elle le tire par les pieds pour le dissimuler derrière un rideau.
3e tableau : Lucrezia assiste cachée au supplice de deux jeunes filles punies par Cupidon.
4e tableau : Cauchemar ( deux hommes brutaux menacent Lucrezia).
5e tableau : Leçon de la nourrice (il ne faut pas résister à Cupidon).
SIX– Une place de Trévise : Polia surprend Cupidon occupé à percer des poupées de ses flèches. Il commence par la taquiner mais devant son désarroi, il lui promet de lui ramener son amant. Elle le charge alors d’un message.
SEPT– Maison de Lucrezia à Trévise. La nourrice reçoit la visite de Cupidon qui se prétend chargé d’un message pour sa maîtresse. Elle lui apprend que celle-ci s’est retirée dans un couvent. Après son départ, elle se demande ce qui est arrivé à Lucrezia qu’à une ou deux reprises elle a par inadvertance appelée « Polia ».
HUIT– Francesco travaille à son livre dans sa chambre. Il en lit à haute voix la dernière page et se lamente sur la perte de Polia. Il se remémore les nymphes de son rêve et en particulier le discours de Logistique, ennemie de l’amour et de ses pièges. Mais les souvenirs et l’écriture ne lui suffisent pas. Il aspire à se rendormir pour renouveler son voyage onirique.
NEUF– Une place à Trévise. Cupidon chargé de livres croise Polia qui lui demande des nouvelles du message qu’elle lui a confié mais il ne semble plus savoir de quoi il s’agit. D’ailleurs ce nom de Poliphile n’évoque pour lui que le héros du roman sur lequel travaille son maître, Francesco Colonna. Pour le prouver, il fait lire à Polia l’épitaphe qui clôt le livre. Polia découvre que celui-ci s’achève sur la mort de Polia et le renoncement de Poliphile.
DIX– La chambre de Francesco. Cupidon apporte le message de Polia mais Francesco refuse d’admettre sa présence à Trévise.
ONZE– Polia raconte à Cupidon ce que Francesco a souffert par sa faute. Pourtant elle a confiance : il ne peut avoir oublié qu’il s’est uni à elle en rêve sous le nom de Poliphile.
DOUZE- Plongé dans son rêve, Francesco éconduit Cupidon venu lui annoncer que Polia l’attend devant sa porte. Au bout d’un moment, après avoir vainement essayé de se rendormir, il se lève et va voir. Il n’y a personne. Il regrette alors sa dureté comprenant que le message apporté par Cupidon ne pouvait provenir que de Polia. Cupidon revient pour lui annoncer que celle-ci est désormais hors d’atteinte. « Il n’y a plus que le livre ».
TREIZE– L’atelier du graveur. Polia apparaît à Battista, provoquant sa stupeur. Comment l’héroïne de l’Hypnerotomachia peut-elle se trouver devant lui, portant la robe décrite par Francesco Colonna mais vivante, incarnée? Sans vraiment comprendre les explications de Polia, il accepte d’être son complice en illustrant pour elle des pages apocryphes de l’Hypnerotomachia : « ce sera notre secret ».
QUATORZE– Chez l’imprimeur. A Grassi, l’éditeur, venu voir où en est le livre, Aldo annonce que qu’une partie du travail a été refaite à la demande de Francesco. Cupidon, qui passe pour être son domestique, est interrogé mais parvient à s’éclipse quand arrive Francesco. Découvrant les nouvelles pages dont il n’est pas l’auteur, il quitte précipitamment l’imprimerie.
QUINZE– On retrouve Francesco dans l’atelier de Battista devant un paquet de feuillets inconnus : ce sont les pages rédigées par Polia, qui a mieux compris que lui le sens de son rêve. Il se met alors à considérer son aventure d’un autre œil, mesurant à quel point il a été passif, acceptant que la fin du rêve soit aussi celle de son amour et méconnaissant celle qui se présentait à lui comme Polia.
SEIZE– L’hôpital aujourd’hui. Plusieurs personnes attendent des nouvelles de Francesco : Polia, une dame inconnue chargée d’un bouquet (on reconnaît la nourrice ou l’aide-soignante) et l’éditeur qui réclame à cor et à cri le manuscrit trouvé sur le blessé. Puis le stagiaire entre et invite l’éditeur à faire une demande écrite, provoquant sa colère. Entre l’infirmière : le blessé est sorti du coma et réclame Polia. L’éditeur appelle alors sur son portable et annonce triomphalement à son patron qu’il aura le manuscrit ; mais quand il veut suivre Polia, le stagiaire et la visiteuse au bouquet de fleurs lui barrent le passage.